Moquette blues (Eloge de la politesse)

Paroles et Musique: Henri Tachan

Ne crache pas sur ma moquette,
C’est à la bonne franquette
Que, sincère, je te reçois,

T’essuie pas à mes rideaux
Ou j’te botte le bas du dos,
Tu es chez moi,

Aujourd’hui, la politesse
Pour ces débiles de mes fesses
Qui vienn’ent faire, sans complexe,
Leurs saletés

Chez les autres de préférence,
Avec morgue, suffisance
Et grossièreté

Ne crache pas sur ma moquette,
Il existe des toilettes,
A cet usage, je crois,

C’est tout au bout du couloir,
Je t’allume, j’te sers à boire,
Tu es chez moi,

O, a beau m’dire doctement
Qu’ j’suis  qu’un vieux con, qu’un croulant,
Qu’un grimoire,

On a beau faire, beau me dire
Que t’es sourd, aveugle ou pire
Blanc ou noir,

Quand t’es reçu par quelqu’un,
Sais-tu qu’tu peux t’tenir bien
Sans déchoir?

Ne crache pas sur ma moquette,
Ils m’ont gonflé les roupettes,
Quand j’tétais p’tit, plus que toi,

Mes proches, mes curés, mes maîtres
Qu’ont essayé de me mettre,
Tous, bien au pas,

Si toujours j’les «assaisonne»,
J’trouve, qu’aujourd’hui ça déconne
Dans l’autre sens,

Qu’on démagogue, déraisonne
Et que le monde se tamponne
De l’enfance,

Comm’e toi, j’étais jeune et seul
Mais je n’cassais pas la gueule
Aux sans défense.

Ne crach’e pas sur ma moquette,
Je te reçois, te respecte,
Fais-en de même pour moi,

Les relations d’voisinage,
Ça remonte au fond des âges,
Qu’est c’que tu crois!

Si tu renvoies l’ascenseur
Avec tendresse et pudeur
Et émoi,

Si tu m’offres, en guis’e de fleurs
Trois sourires et quatre pleurs
De sous-bois

Alors, mets-toi bien à l’aise
Loin des puissants, qui nous baisent
Tu es chez toi.